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Bien-être animal Du « tout confort » pour les porcs

Néerlandais, Kevin Van der Linden a repris et modernisé les deux élevages porcins achetés par son père, dans les Vosges et dans la Meurthe-et-Moselle.

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En mai 2021, le nouveau bâtiment de postsevrage de La Porcherie du Battant entrait en service à Damas-aux-Bois, dans les Vosges. Il a été pensé par Kevin Van der Linden, trente-deux ans, afin de répondre aux nouvelles normes « bien-être » pour les animaux­, tout en facilitant le travail des employés.

Ventilation performante

« Genugten Agri, le constructeur néerlandais auquel j’ai fait appel, installe des porcheries dans toute l’Europe. Son concept est nouveau, précise Kevin, avec son chauffage au sol géré par ordinateur. Le système de ventilation permet d’avoir une ambiance stable à l’intérieur et les émanations à l’extérieur sont limitées, avec moins d’ammoniac. » Le bâtiment, qui comporte une salle de 72 cases, a une capacité de 2 400 places. Chaque case accueille 33 porcelets et dispose d’une aire chauffée sur dalle, un petit espace jeux et une zone sur caillebotis pour les déjections.

Température régulée

Les animaux arrivent à l’âge de 28 jours, à un poids de 7 kg. Ils sont gardés six à sept semaines, pour atteindre 25 kg. « La température diminue progressivement, explique Kevin. Celle au sol passe de 38 °C à l’arrivée des porcelets à 25 °C à la fin d’une bande. La température ambiante est réglée à 22 °C. Ce sont des animaux obéissants, qui respectent les différentes zones dans la case. »

 

L’innovation principale du bâtiment de post-sevrage est la dalle chauffante. © Porcherie du Battant

La qualité de l’air et la température bien régulée donnent une ambiance saine, limitant les maladies respiratoires. La toiture, en partie transparente, assure une bonne luminosité. Les murs sont constitués de panneaux sandwich bardés de plastique, ce qui facilite le nettoyage. Un matériau plus sain que le béton brut, où stagne l’humidité, donc les virus et les bactéries. Les déjections tombent directement dans une fosse à lisier située sous le bâtiment. L’exploitation étant hors sol, le lisier est vendu à des agriculteurs pour l’épandage. Kevin n’a rencontré aucun souci lors du dépôt de permis, car l’élevage existait déjà et il n’y a pas eu agrandissement en nombre d’animaux. D’une surface de 1 200 m2, le bâtiment a coûté 700 000 euros.

La Porcherie du Battant comprend deux sites. Le premier, acheté par le père de Kevin en 2008, est celui de Damas-aux-Bois. Le second, acheté en 2017, est situé à 50 kilomètres, à Juvrécourt, en Meurthe-et-Moselle. Il s’agit d’une maternité, avec un atelier naisseur de 525 truies. C’est par l’intermédiaire d’un ami néerlandais installé dans le secteur que ces reprises ont été réalisées.

 

Le tracker solaire produit environ un quart de l’électricité consommée sur le site de Damas-aux-Bois. © D. Péronne

À Damas-aux-Bois, 30 % des porcelets restent à l’engraissement sur place, les autres sont vendus à quatre clients du nord-est de la France. Les 5 000 porcs finis ici par an sont abattus à Sarrebourg, en Moselle, dans un abattoir distant de 75 kilomètres. La Porcherie du Battant possède son propre camion pour effectuer le transport des animaux entre les deux sites et pour les emmener à l’abattoir.

Cinq salariés, deux sites

Kevin a l’équivalent d’un BTS agricole, complété par une année de management. Il a travaillé pour son père dans la porcherie familiale située près d’Eindhoven, aux Pays-Bas. Puis il est parti trois ans au Canada, pour voyager et compléter sa formation dans un élevage porcin. « Il y a de grands espaces là-bas, les normes sont moins strictes qu’en Europe, souligne le jeune éleveur. Mais socialement parlant, c’est le vide ! J’ai l’esprit d’entreprise, alors lorsque mon père m’a proposé de reprendre ici en 2016, j’ai accepté. »

Les deux sites emploient cinq salariés. Kevin a une sœur aux Pays-Bas et un frère qui s’occupe de l’élevage porcin familial. Un coup du sort va toutefois obliger la fratrie à régler la succession : leur père est décédé brutalement au mois d’août 2021.

Kevin retourne régulièrement dans son pays natal voir sa famille. Mais il se sent bien dans l’Hexagone, sa compagne est française. Il parle désormais couramment notre langue. « Pour le moment, l’affaire tourne bien ainsi, précise-t-il. Il y a très peu d’élevages de porcs dans la région et la demande est soutenue. Je verrai pour un agrandissement futur, mais pas avant plusieurs années. Pour ce qui est du temps de travail salarié, la contrainte est plus forte ici qu’aux Pays-Bas, où un employé peut travailler jusqu’à 45 heures par semaine. Tout dépendra également de l’évolution du marché et de la réglementation sur le bien-être animal. »

Dominique Péronne

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